Pierre accompagne des âmes vers le ciel
J'aimerais vous raconter une histoire vraie, qu'un monsieur m'a envoyée il y a environ deux ans. Un monsieur qui depuis sa jeunesse, a la possibilité de voir l'aura chez tous les êtres vivants : les humains, les animaux , les arbres . Il paraît qu'une forêt Vierge soit magnifique . Il paraît en revanche que chez les gens, ce ne soit pas toujours terrible . Mais de temps à autre il lui arrivait également que les émotions des autres prenaient possession de son propre corps. Fréquemment il entendait des voix- un peu comme Jeanne D'arc - des voix qui l'appelaient . Il s'appelait Pierre, et il avait reçu des enseignements des anges pour apprendre comment accompagner un enfant vers la lumière -un enfant qui vient de mourir- . Il m'en avait déjà parlé plusieurs fois, et je lui avais demandé de confier sa belle histoire au papier . Et bien voilà : l'histoire de Pierre . Pierre Stinissen ...
Il était tard . Tout le monde était couché . J'aimais bien ces moments-là . Je savourais ces moments de tranquillité . Je quittai la salle de bains et tout d'un coup je remarquai ma petite fille , âgée de quatre ans, assise dans le fauteuil du salon . J'allai lui demander ce qu'elle faisait là.. juste au moment qu'elle me regardait . Et ce n'était pas ma fille . Devant moi se trouvait une enfant, pour moi tout à fait inconnue , avec un regard qui me pénétrait l'âme .
Près du sol, son corps me semblait devenir flou, comme si elle n'avait pas de pieds . Mais elle avait le visage rayonnant .
Les anges m'avaient raconté que j'allais rencontrer des enfants inconscients du fait qu'ils étaient en train de faire le premier grand pas, qui vient après la vie .
Et mon devoir consistait d'être là pour eux. Un support pendant ce moment de transition .
Mais comment expliquer à un enfant ce qu'il s'est passé ? Après un moment d'hésitation, je commençai une conversation avec la fille .
Son nom était Inge et elle venait d'avoir 8 ans . Une enfant de huit ans . Je lui demandai qui était cette dame qui se trouvait là, à quatre, cinq mètres de nous, dans la véranda .
En tout cas, moi, je le savais : c'était un de ces anges qui m'avaient formé pour devenir ce que je suis maintenant .
Elle me dit : cette dame a fait disparaître mes douleurs, et elle m'a promis de m'accompagner . Afin que je puisse rencontrer un monsieur qui, lui, connaît un chemin qui me mènera vers le ciel .
Comme tout cela me sembla irréel. Bien que ..
Quelque part dans notre monde, il y a des parents inconsolables . Une maman et un papa que je ne connaissais pas, qui avaient perdu leur enfant. Et cette enfant avait une confiance infinie en ma personne . Elle était là, tout près, sans me connaître du tout . Mais bordée d'une confiance dont je n'étais pas digne .
Je lui demandai si elle pouvait se rappeler de ce qui s'était passé juste avant l'arrivée de la dame .
Elle me répondit qu'elle était en train de rêver ." Et dans ce rêve il y avait mon papa qui demanda d'être prudente avec ma bicyclette . Mais, hélas, dans mon rêve , je suis tombeé quand même . Et soudain, brusquement, je me reveillai en sursaut . Mais il n'y avait pas de bruit . Non, il n'y avait que le silence. Et cette dame, presque transparente, tout près ."
Pour moi c'était clair : la pauvre était morte dans un accident .
Je lui proposai de faire une promenade . Et de me parler un peu des choses de la vie .
Alors il y eut ce moment à ne plus jamais oublier . Un moment magique en quelque sorte .
J'en ai encore des frissons quand j'y pense .
Je lui tendis la main . Je tendis la main à une âme prête pour la transition . Un fleuve d'énergies très présentes coulait dans tout mon être, et je sentais une force sans précédent. Une force que l'on ne sent que dans ces moments de victoire mérités. Un moment, le temps d'un soupir, je sentis une grande douleur qui partait des pieds et allait vers ma tête .
Et tout à coup on se promenait, moi, la petite et la dame, sur un chemin sans définition .
Chaque pas que je faisais, me rendait plus léger . C'était comme si je ne touchais plus le sol .
Bien que je comprenne très bien que ce n'était qu'une partie de mon âme qui l'accompagnait, j’avais l'impression que je sentais les choses plus proches, plus réelles que dans un rêve . Surtout le fait que je me sentais de plus en plus léger, me donnait l'impression que j'étais très conscient de ce que j'étais en train de faire .
Le chemin où l'on se promenait, était entouré d'âmes - pour nous - un peu étranges . Parfois elles étaient vagues, transparentes, et habillées d'une lumière à la fois claire et très douce .
Et la petite parlait, elle parlait, elle parlait . Ses pensées étaient projetées dans cette douce lumière . Loin, très loin, à une distance sans fin .
C'était un peu comme si l'on se promenait dans un tunnel d'images de cinéma . Mais plus doux, plus raffiné, plus sucré en quelque sorte .
Tout d'un coup elle arrêta de parler . La petite était là, un moment sans rien dire, sans rien faire, sans bouger. Elle était en train de regarder un monsieur... un vieux monsieur qui s'approchait .
'Grand -père', elle chuchota, 'Grand père, c'est toi ! T'es revenu !'
Ah . Quelle joie ! Quelle joie inattendue. Et d'une telle intensité .
C'était le moment où elle comprit tout , et elle me confia : tu sais, c'est mon grand père . Moi, je pars maintenant pour le ciel . Avec lui . Il vient d'arriver ici pour me montrer le chemin .
Et moi j'étais là. Je ne savais quoi ressentir : la joie ou la tristesse . Je me sentais, un peu idiot. Qu'est-ce que j'en savais, de ce ciel . Pas grand chose. Mais j'apprenais .
A partir de ce moment-là, la fille et son grand père étaient à la tête de la course, et moi et la dame nous trouvions en deuxième position . Tout autour de nous se trouvait un oasis plein de projections et d'images venant de la vie de la petite Inge .
Je voyais un gâteau plein de crème fraîche, et des ballons qui étaient attachés au guidon d'une bicyclette . Je la voyais se promener près de la mer avec son instituteur et d'autres enfants. J'y voyais beaucoup de joie, et je me réalisais que cette enfant, dans cette vie un peu courte, avait connu beaucoup de bonheur et beaucoup d'amour .
Notre voyage fut assez long . Mais pas fatigant du tout .
Au lointain on voyait une lumière douce et forte à la fois . Plus on s'approchait de cette lumière, moins on voyait ces images vidéo sur la cloison qui nous entourait. Elle laissait ses souvenirs derrière elle. Peu à peu. Mais en revanche, il y avait de plus en plus de mânes. Je me sentais mal à l'aise, dépaysé, désorienté. Les choses me semblaient si définitives pour la petite fille. Les mânes se transformaient de plus en plus en personnes ayant un visage. J'étais tellement fier d'elle. Je pouvais encore apprendre pas mal de choses de cet être.
Les ombres étaient maintenant très présentes, comme une haie d'honneur pour les rois et les reines, des deux côtés d'un chemin qui mène vers l'arc de triomphe. Seulement ce chemin était désormais illuminant. Il y avait de la lumière partout. Tout devenait très clair, dans tous les sens du mot. Des visages autour de nous, je n'en voyais que les contours .
A ce moment-là le grand père prit la parole. 'A partir d'ici je serai le seul compagnon de Inge'. La petite le fixait des yeux. La dame me fit signe, je dus prendre congé de la petite. Je lui donnai un baiser au front, et saluai le grand-père de la tête. Je ne ressentais que du respect. La petite fille me dit qu'elle était très contente de ma compagnie pendant cet ultime voyage. Son regard vivant me rendit douteux du fait qu'elle soit morte.
Mais le rayonnement de son âme me donna un câlin . Un moment plus tard je les vis comme se dissoudre dans la lumière qui remplissait le vide .
Je ne savais pas si je devais être content ou triste .
Cela me semblait tellement parfait, tellement parfait. Je dirais même : plus que parfait . Et cela dans un moment que l'on ne conjugue les verbes qu'au passé simple .