Phoebe Lauren
Brusquement, au milieu de mes rêves et de mes pensées vagabondes, j'entendis Marcus hurler. Je me précipitai dehors et le vis qui courait vers moi. J'ai tout de suite pensé qu'il avait été mordu par un serpent à sonnettes. Je voyais toujours les pires catastrophes. C'était peut-être du à la manière dont j'avais été élevée.
Marcus avait l'air hagard et se mit à parler de manière incoherente. Il ne semblait pas avoir mal mais son comportement était des plus étranges. Il n'avait pas l'habitude de s'affoler facilement.
Je Le pris par les épaules et lui posai les questions que toutes les mamans posent: "As-tu mal? Es-tu tombé, as-tu été mordu? Réponds-moi!"
"Non, Phoebe, non. Phoebe! Les lumières vertes. Elles sont venues me chercher. Le signal. Le signal. C'est le signal. Je me rappelle maintenant. Je me rappelle mon autre vie. La planète verte. Je dois partir." Il disait tout cela en pleurant et en frissonnant.
Je le pris dans mes bras pour le tranquilliser. "Mon chéri, quel que soit ce qui est arrivé, dis-le à Phoebe. N'aie pas peur. ça va aller. Ne t'inquiète pas." Et je continuai ainsi à le rassurer avec des paroles de mère.
Il me regarda d'un air bizarre, comme si je ne comprenais pas un mot de ce qu'il disait. "Phoebe, j'ai vu les lumières vertes. C'est le signal. Je dois partir bientôt, je dois retourner sur ma planète - la planète verte."
"Oui, bien sur, mon chéri. Eh bien, allons voir ces lumières vertes. Tu vas me montrer où elles sont. Tu n'es pas tombe? Vraiment, tu ne t'es pas cogné la tête?"
"Mais non! Viens. Je vais te montrer."
Nous allâmes à côté du grand pin, au bord de l'allée circulaire qui mène à la maison. De là, nous pouvions voir notre petit champ avec nos jardins potagers. Nous avions fait trois jardins. Marcus en avait pris l'idée dans le conte "Boucle d'Or et les Trois Ours" où tout marchait par trois. Papa Ours, Maman Ourse et Bébé Ours - d'où les trois jardins. Je me souviens qu'en les voyant, j'ai cru que les lumières vertes avaient quelque chose à voir avec le reflet du soleil sur les légumes.
Il pointa le ciel. "Les lumières étaient là. Je les ai regardées pendant longtemps et puis, elles me l'ont dit. Elles allaient bientôt venir me chercher. Je ne veux pas partir!"
Je l'enlaçai. "Ne t'inquiète pas. Les lumières vertes ne peuvent pas te faire de mal. Peut-être as-tu lu trop de bandes dessinées. Les lumières vertes ne peuvent pas parler et il est impossible qu'elles puissent venir te prendre."
Il se tourna vers moi en me regardant droit dans les yeux. "Je dois partir. Bientôt. Un matin, tu ouvriras la porte de ma chambre pour y entrer et je serai parti. Rappelle-toi que je serai rentré chez moi, sur la planète verte, et qu'il fallait que je parte. Il ne faut pas que tu sois triste."
Je restai silencieuse. Quelque part en moi-même, je sentais que ce qu'il disait était vrai, du rnoins le croyait-il totalement. J'étais mal à l’aise et je me dis que le mieux était de l'écouter pour voir si tout cela avait un sens. Je lui ai donc demandé de m'en dire plus sur les lumières vertes.
Il me montra le ciel et m'expliqua plus calmement: "Je jouais avec mon lance-pierres, comme si j'étais un indien. J'essayais de tirer sur les oiseaux avec de petits cailloux, pas pour les toucher mais juste pour leur faire peur. J'allais tirer quand j'ai vu les lumières vertes dans le ciel. Elles ont fait un petit dessin et se sont mises à clignoter. Et puis j'ai entendu qu'elles allaient venir me chercher. Il faudra que je parte quand elles viendront."
"Oui, je vois. Et combien y avait-il de lumières?" demandai-je.
"A peu près sept ou huit. Mais ce n'est pas important. Phoebe, elles vont venir me chercher bientôt. Et je ne veux pas partir."
"D'accord, Marcus. Il est tard maintenant. Rentrons pour parler encore un peu de tout cela. Tu pourras prendre des biscuits au chocolat avec un bol de lait."
Je suis rentree avec lui et nous nous sommes assis à la table de la cuisine. Mon sentiment de malaise s'accentuait. Marcus était mon fils unique et il était hors de question qu'il aille quelque part. J'avais lu de curieuses histoires de gens enlevés par des vaisseaux spatiaux et je commençais à me demander si elles ne comportaient pas une part de vérité.
"Phoebe, tu ne comprends pas, n'est-ce pas?"
"Non" dis-je franchement. "Explique-moi."
'Tu sais que je t'ai toujours dit que je suis d'une autre planète qui est tres loin - je viens d'une étoile?"
"Euh..."
"Ma planète est bien verte, n'est-ce pas? Bon, eh bien les lumières, c'est vraiment un signal. Je ne savais pas qu'elles auraient besoin de moi si vite, mais maintenant il faut que je parte." Il me dit ces mots avec un regard incroyablement triste, avec des yeux d'un autre temps qui se rappellent des choses anciennes.
En tant que mère, il m'était impossible d'assimiler ces informations. Je ne pouvais même pas lui poser une seule question sensée. Je lui ai donc demandé s'il pouvait me dessiner les lumières et si elles étaient toutes vertes. C'était une question stupide mais c'était tout ce qui rne vint à l'esprit sur le moment. En me remémorant les choses, il me vient mille questions que j'aurais du poser.
"Oui, elles étaien toutes vertes. Tu ne me crois pas, hein?"
"Tu sais, c'est difficile pour moi. Je ne vois pas comment les lumière vertes peuvent venir te chercher et je ne comprends pas comment tu savais ce que voulait dire le message. Peut-être signifient-elles autre chose. Il y a tant de choses possibles."
Ses yeux bruns se couvrirent de larmes et il me dit tristement: "Je ne veux pas partir, mais il le faut. Il faudra que je parte quand elles vont venir me chercher. J'ai promis. Simplement, lorsque tu entreras dans ma chambre, rappelle-toi que je serai rentré chez moi, sur la planète verte, sur mon étoile. Mais, Phoebe, tache de ne pas être triste." Puis, il me caressa la rnain en l'effleurant et esquissa un sourire.
Marcus prit alors une feuille de papier et retraça le dessin qu'il avait vu. J'ai fini par perdre cette feuiïle mais je n'oublierai jamais ce croquis.
Aujourd'hui, je ne sais toujours pas si ce dessin a une signifïcation quelconque. Après l'avoir fait, il me dit qu'il était fatigué et ne voulait plus parler. Puis il est monté se reposer dans sa chambre.
Mes pensées tourbillonnaient et mon coeur me faisait mal. Et si c'était vrai? Et si de telles choses arrivaient vraiment? Ce soir-là, lorsque Jim est rentré, je lui ai tout raconté. Il a pensé que c'était du à l'imagination fertile de Marcus et que nous devions peut-être faire plus attention à ce qu'il regardait à la télévision. J'étais de son avis et me suis sentie rassurée, bien que je me rappelle être restée sans dormir une bonne partie de la nuit.
Le lendemain, Marcus a tout raconté à son père, y compris l'épisode du départ. Nous lui avons de nouveau assuré que les lumières vertes et les êtres provenant d'autres planètes ne venaient pas enlever les petits enfants la nuit dans leur chambre.
Deux jours plus tard, Jim est rentré à la maison avec un article de journal assez surprenant. Des lumières vertes clignotantes avaient été signalées au-dessus de l'Espagne. Origine inconnue. Nous nous sommes assis en nous regardant mutuellement, fortement troublés. Nous avons décidé de ne pas montrer l'article à Marcus car nous avions l'impression que cela ne ferait que nourrir son imagination et accroître sa peur.
Jusqu'alors, rnon mari et moi avions fortement tendance à nier le caractère assez spécial de notre enfant. Sans rien dire, nous l'observions faire beaucoup de choses inhabituelles et inexplicables mais nous ne faisions qu'en rire, comme si c'était simplement quelque chose d'amusant. En reconsidérant les choses, je crois que nous étions tous les deux endormis ou, du moins, c'était moi qui l'étais. Il y avait beaucoup de petits faits et de signes qui pointaient vers ce qui devait arriver à Marcus.
J'ai comme l'impression que Jim en savait inconsciemment (ou même consciemment) beaucoup plus qu'il ne le disait. Á la naissance de Marcus, il m'avait demandé de mettre au mur de la chambre du bébé un texte calligraphié tiré du "Prophete" de Khalil Gilbran, et ces mots me sont bien souvent revenus depuis lors:
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-méme.
ils viennent par vous mais ne sont pas de vous,
et s'ils sont avec vous, ils ne sont pas à vous.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez abriter leur corps mais pas leur âme
car celle-ci habite la maison de demain
que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves.
Vous pouvez tenter de leur ressembler,
mais ne les forcez pas à vous imiter.
Car la vie ne va pas en arrière,
pas plus qu'elle ne s'attarde sur hier.
C'est ainsi que, au fil des années, j'ai du apprendre que Marcus ne m'appartenait pas. Je me souviens de la première fois que je l'ai regardé lorsqu'il venait de naître. Il y eut immédiatement une connexion extrêmement forte entre nous deux, alors que l'on rn'avait dit au cours de la formation prenatale que ce genre de chose ne se produisait que très rarement. Je le regardai et, lorsqu'il m'a regardée a son tour, j'ai eu nettement l'impression qu'il me disait tranquillement "bonjour!", comme s'il était revenu et qu'il n'était pas surpris de me voir.
Marcus était notre seul enfant, si bien que certaines choses qui peuvent paraître exceptionnelles aujourd'hui me semblaient tout à fait normales à l'époque. Ainsi, lorsqu'il eut huit mois, il attrapa un jour son biberon pour le jeter à l'autre bout de la pièce. Un peu plus tard ce jour-la, il refit le même geste lorsque je lui en donnai un autre. J'étais seule. Jim voyageait beaucoup et la nurse ne venait que deux fois par semaine. Je ne savais que faire et j'étais un peu inquiète. Un coup de téléphone à mon pédiatre arrangea tout. Bien que ce médecin trouvait l'incident un peu curieux, il me suggéra fort sagement d'essayer d'utiliser un bol et de l'appeler en cas de problème. C'êtait bien la solution. En lui-même cet incident a peu d'importance mais ce fut le début d'un type de comportement qui a toujours duré et qui montrait que Marcus semblait savoir très exactement quoi faire. Il avait une maniere de voir le monde qui n'était pas en rapport avec son jeune âge.
Alors qu'il n'avait que deux ans et qu'il avait encore des couches, il décida que ces couches n'étaient plus nécessaires. Je me souviens très bien de ce jour-la. Nous habitions en Arizona et il faisait chaud. Il venait de jouer sur son tas de sable et était rentré dans la maison avec sa couche trempée. Je l'emmenai dans la salle de bains pour le changer mais, lorsque j'ai voulu lui en mettre une propre, il m'a dit "non".
J'ai pensé qu'il était dans cette "terrible" periode où, vers deux ans, tout n'est que "non!". Aussi ai-je continue à lui mettre sa couche.
Il l'a arrachée en répétant "non". Il était debout, ses deux petites jambes écartées, comme un dictateur en miniature.
Je lui dis: "II faut que tu la mettes, sinon tu vas mouiller ta culotte."
Mais il ne cessait de répéter: "non, non."
C'était comme s'il savait vraiment qu'il n'y aurait pas de problème, et il n'y en eut pas. Lorsque je le couchai ce soir-là, il prit une couche et me la tendit. Au cours des six mois suivants, il mit une couche pour la nuit. Puis, de nouveau, il exigea de ne plus en mettre. Il me vint à l'idée que c'était peut-être ainsi que les enfants s'éduquaient eux-mémes. Il est fort possible que tous les enfants en arrivent à s'élever eux-mêmes. Néanmoins, il ont habituellement besoin d'un coup de pouce de leurs parents. J'ai toujours ressenti que, d'une certaine manière, Marcus en savait plus que moi et qu'il était venu pour m'enseigner.
En tout cas, le véritable enseignement a commencé lorsqu'il eut cinq ans. Á cette époque, nous habitions à Malibu près de la plage. Les choses étaient difficiles, aussi bien pour nos finances que pour le reste. Nous avions déménagé un certain nombre de fois et Jim ne cessait d'essayer diverses manières de gagner de l'argent. Il ne m'était jamais venu à l'idée que je pouvais peut-être travailler et apporter une certaine contribution financière. Marcus allait à l'école maternelle près de chez nous seulement le matin. L'après-midi, il jouait soit seul soit avec les trois enfants des voisins. Ce jour-là, il jouait seul dans la grande cour bien protégée derriére la maison.
J'étais devant la grande glace de notre chambre et je me demandais comment j'allais me coiffer. Marcus s'est alors précipité dans la maison en hurlant et en disant qu'on lui avait tiré une balle dans la poitrine. Je m'agenouillai près de lui pour l'entendre me raconter ce qui suit:
"J'ai été touché par une balie. Je suis un indien. Je suis aussi grand que Papa. J'étais en train de chasser. Un homme m'a tiré une balle là (il me montrait sa poitrine). Ce n'est pas mal de tirer sur les oiseaux ou les animaux pour les manger. Je ne sais pas pourquoi il a tiré sur moi. Alors, je suis mort."
Jusqu'à cette dernière phrase qui m'a vraiment fait sursauter, j'avais l'impression qu'il avait trop regardé la télévision. Je lui dis qu'il allait bien, qu'il n'avait pas été touche par une balle et qu'il n'allait pas mourir.
Mais il se butait. Il continua: "Non, Vee-Vee, j'étais vraiment indien. Je portais des vêtements de peaux de bêtes. C'était il y a longtemps, avant ce temps-ci. L'homme m'a tué d'une balle et je n'avais pas de fusil, seulement un arc et des flèches. C'est vrai. Je dis la vérité."
Je tentais de le calmer et finis par aller le coucher en lui redisant qu'il irait bien. Je lui ai donné une infusion et suis restée près de lui jusqu'à ce qu'il s'endorme. Avec son petit ours dans les bras, il avait l'air incroyablement doux et paisible. Il lui fallait toujours "Nounours" pour dormir.
Je le contemplai en me disant qu'il était bien innocent et qu'il avait une imagination vraiment très fertile. Pour ma part, j'avais toujours eu le sens du théatre et je pensais qu'il avait pu en hériter. Plus tard, je me suis rendu compte que c'était la première fois qu'il parlait de la réincarnation et de ses vies antérieures. Á son réveil, il ne fit aucune mention de l'incident et je fis donc de même. A cette époque-là, je pensais simplement que son imagination était très développée et qu'il était particulièrement impressionnable.
Pour comprendre ce qu'il vivait, je passais des heures à lire des ouvrages sur la psychologle infantile, la création d'amis imaginaires et les fantasmes des enfants, mais rien n'aurait pu me préparer à ce qui allait se passer ensuite. Il devait avoir six ou sept ans et nous vivions déja dans la maison forestière de Santa Cruz. Un jour, j'étais en train de travailler à la cuisine pendant qu'il était assis sur le canapé de la salle de séjour à coté de la grande fenêtre donnant sur la prairie et les montagnes qu'il aimait tant photographier, tout particulièrement au coucher du soleil. Cette pièce était petite, confortable et assez sombre à cause de tout le bois qui tapissait ses murs. Mais elle était réchauffée par le soleil de l'après-midi et c'était le lieu qu'il préférait pour s'y asseoir avec les chats, sauf en hiver où chacun recherchait la proximité du vieux poêle ventru qui constituait la seule source de chaleur de la maison.
J'entendais Marcus qui parlait mais je n'y prétais guère attention. Lorsque je me suis approchée, je le vis pelotonné sur Le canapé au milieu des coussins recouverts d'un tissu floral passé. Les rayons du soleil donnaient à la scène comme un air de rêve. Je rne rendis compte qu'il était au beau milieu d'une vraie conversation bien qu'il n'y eut personne d'autre dans la pièce. D'après la position de Marcus, je devinai que son "interlocuteur-visiteur" se trouvait juste derriére la grande fenêtre.
Á cette époque, j'étais professeur à l'école et j'enseignais tout spécialement le théatre aux petits. Aussi, en le regardant, je fus persuadée qu'il s'était fabriqué un compagnon de jeu imaginaire. Je me suis dit qu'il pouvait se sentir un peu seul dans ces collines puisqu'il était fils unique et qu'il avait peu de vrais compagnons de jeu. Je lui demandai avec qui il conversait mais j'étais à peu près sûre qu'il allait me parler de quelque animal fabuleux ou d'un "invité" incroyable.
Il se tourna vers moi et me dis: "Tu sais bien, les vieux."
"Quels vieux?" dis-je en me sentant un peu perplexe car sa réponse paraissait vraiment aller de soi.
"Ceux qui vous aident. Ceux qui vous disent ce qu'on à besoin de savoir pour cette vie avant de naître."
Plutôt surprise, je lui demandai: "Qui sont ces hommes?" J'avais l'impression que Marcus participait à un goûter et que je ne pouvais voir les invités, un peu comme dans l'histoire de "Alice au Pays des Merveilles".
"Eh bien, je peux les voir mais toi, tu ne peux pas. Pourtant, ils sont réels. Ce sont eux qui m'ont dit ce que ma vie allait être et ce qui allait se passer. Nous en avons décidé ensemble avant que je naisse. Tu sais bien, ceux qui aident."
"Non, je ne sais pas. Dis-m'en davantage." Je me suis assise face à lui en glissant mes pieds sous la petite couverture entre nous deux.
"Ce sont ceux qui nous aident à savoir quoi faire. Il y a trois hommes avec moi. Ils me parlent toujours. Avant ma naissance, ils m'ont aidé à naitre de toi et de Papa."
"Comment t'y es-tu pris?" demandai-je avec étonnement.
"J'étais en haut au-dessus du ciel avec mes amis. Ils m'ont montré toi et Papa, ainsi que deux autres personnes. Je pouvais choisir. J'ai décidé de venir avec vous. Cette fois-ci, je n'avais pas à venir. Je pouvais choisir" répondit-il.
"Et comment pouvais-tu nous voir de si loin?"
"J'étais au-dessus du ciel, un petit trou s'est fait et je pouvais voir à travers. Comme avec ma main." Alors, il a mis la main devant son oeil, les doigts serres en forme de poing avec le pouce et l'index formant un petit cercle et il a mis ce petit cercle devant son oeil pour regarder à travers. Je sentais que ce qu'il me montrait opérait comme un zoom que l'on utilise pour prendre des photos de loin.
"Je t'ai vue. Tu étais très grosse avec ton bébé dans le ventre. L'autre dame était aussi grosse. Je vous ai choisis." Il laissait entendre que c'était pour nous un cadeau magnifique.
"Comment étais-je habillée?"
'Tu ne me crois pas. Je peux te prouver que je t'ai vue avant de naitre. Tu habitais dans un grand bâtiment rouge. Tous les "bâtiments au tour était semblables. Tu portais une robe jaune couverte de fleurs, comme les fleurs des champs" répondit-il.
Eh bien, j'avais effectivement une robe jaune avec des marguerites que j'ai portée au cours des derniers mois de ma grossesse, mais il avait peut-être vu une photo de moi avec cette robe. Lorsque j'ai fini par retrouver la photo en question au milieu d'une boite qu'il lui avait été impossible de voir, j'ai commencé à réaliser que son expérience avait un caractère tout à fait exceptionnel. Par ailleurs, il lui aurait été impossible de savoir que nous vivions dans une zone urbaine réaménagée où tous les bâtiments était en brique rouge. Nous étions repartis en banlieue avant qu'il n'ait un an.
Je me rendis compte que si ce qu'il disait était vrai, alors l'esprit d'un bébé ne doit pas entrer dans le corps avant le moment de la naissance. Je lui posai la question.
Il parut content que je la pose. "Vee -Vee, ne sais-tu pas que l'esprit peut entrer et sortir avant et après la naissance? En prenant de l'age, on oublie simplement comment il faut faire et on le fait de moins en moins."
Cette information m'amena à penser qu'il était possible que la mort de certains bébés soit dûe à ce que leur esprit parte un peu trop loin. Au commencement de notre vie, nous n'avons peut-être pas peur de quitter notre corps. L'esprit de ces bébés trouve peut-être quelque chose, quelqu'un ou un endroit plus interessant et ils y restent en oubliant qu'ils ont un corps ailleurs. Je n'ai jamais posé de question la-dessus mais j'aurais bien voulu en savoir plus.
"Qu'est-ce que ces hommes disent d'autre?" demandai- je .
"Ils s'appellent mes guides. Ils sont (très gentils et très intelligents. Ils m'aident lorsqu'il me faut prendre une décision. Je n'avais pas du tout à naître cette fois-ci. J'avais le choix à cause du niveau sur lequel je suis, mais j'ai choisi de venir."
"Qu'est-ce que tu entends par niveau?"
"Nous sommes chacun sur des niveaux différents. Ces niveaux n'ont rien à voir avec le fait d'être gentil ou d'être intelligent. Ils ont à voir avec nos expériences et ce que nous avons appris." Tout en souriant, il continua: "Tu es au-dessous de moi. Certaines personnes sont au-dessus de moi. La meilleure façon pour moi de te l'expliquer est la suivante. Tu enseignes bien le latin aux enfants de cinquième et de quatrième, n'est-ce pas?"
"Euh.."
"Bon. Tu ne viendrais pas dans ma classe de dixième en te servant du mème livre pour nous apprendre le latin. Nous ne comprendrions pas. Nous sommes trop petits. Et tu ne serais pas fachée contre nous. Les gens sont comme cela. Certains sont à la maternelle tandis que d'autres sont dans le secondaire. Aussi n'enseignes-tu pas à un enfant de la maternelle ce qui convient pour un enfant du secondaire. Comprends-tu maintenant?"
"Oui" dis-je stupéfaite. 'Tu veux dire que nous sommes tous sur des niveaux de conscience différents, que certains sont plus avancés que d'autres et que nous ne devons pas nous attendre à ce que les élèves des petites classes en sachent autant que ceux des grandes classes. Est-ce juste?"
"Bravo, tu as compris!" dit-il tout heureux, "Maintenant ils me disent de te dire de lire des choses sur les guides et les vies antérieures. Je t’ aiderai. Ils vont m'aider. Ils sont vraiment très intelligents et me disent tout ce que j'ai besoin de savoir pour vivre."
Éberluée, je répliquai: "Bien, et remercie-les pour moi."
Il me dit alors: "Vee-Vee, peux-tu nous laisser seuls. Je ne veux pas te faire de peine mais ils ont des choses importantes à me dire."
Je me sentais un peu comme une enfant chassée du bureau de son père mais je suis partie doucement pendant qu'il continuait à parler. J'écris sur mon bureau dans la rubrique "choses à faire": recherche sur "les guides et la réincarnation".
Ce fut ce jour-là que j'ai commencé à comprendre que j'avais rencontré mon maître.
…/…
Marcus avait grand besoin de ne pas gaspiller de temps et avait une façon spéciale de s'exprimer lorsqu'il ne voulait pas faire quelque chose. Il disait simplement: "Je ne me rappelle pas comment on fait ça." Pour lui, il était évident qu'on ne devait pas le forcer à apprendre quoi que ce soit. Aussi, lorsque ses professeurs lui ont appris l'écriture en majuscules, il en eut horreur. Il disait qu'il attendrait qu'ils lui apprennent la "véritable écriture". Lorsque l'on passa à l'écriture cursive, il se mit à aimer l'écriture. Ce fut la même chose avec les mathématiques. Il ne pouvait pas faire de divisions simples, mais lorsqu'il fut temps de faire de longues divisions, il put les faire immédiatement.
Il a été dans le groupe de mathématiques le plus faible jusqu'à la huitième. Puis un jour, il prit une feuille comportant des exercices difficiles et les résolut vite et facilement. Son professeur, qui était une collègue et une amie, m'a raconté cornment cela s'était passé. Lorsqu'il était venu à son bureau pour lui montrer le travail qu'il avait fait, elle avait d'abord cru qu'il s'amusait car les seuls chiffres qu'il avait écrits et qu'il avait placés au-dessus de chaque problème étaient leur réponse respective. Lorsqu'il lui dit qu'il avait vraiment fait tout le travail, elle ne sut quoi faire. Aussi lui donna-t-elle une autre page d'exercices tout aussi difficiles. Il écrivit aussitôt les bonnes réponses au-dessus de chaque question. Elle était stupéfaite. Il restait là, debout devant elle, en souriant. Lorsqu'elle lui demanda comment il pouvait résoudre ces problèmes, il lui répondit: "je me suis rappelé comment faire, juste maintenant." Et il était de nouveau tout content. Au fil du temps, il devint très bon élève.
Je me souviens d'un soir dans mon petit bureau à la maison. Nous avions un vieux piano droit. Comme mon père et sa familie étaient assez musiciens, j'avais pensé qu'il serait bien que Marcus joua d'un instrument. Je jouais du piano, j'aimais cet instrument et je lui suggèrai qu'il aimerait peut-être en jouer aussi. Je me souviens avec émotion du temps où mon père et moi jouions à quatre mains et comme nous aimions jouer pendant que les autres chantaient, particulièrernent pendant les vacances de Noël.
Sa réponse fut: "Non. Je ne me souviens pas comment on en joue. Je te dirai si je veux jouer de quelque chose."
Qu'y avait-il a répondre à cela?! Quelques mois plus tard, nous regardions une symphonie à la télévision et, lorsqu'il vit les violons, il dit: "Je me rappelle comment on joue du violon. Je peux en jouer."
Nous avons donc emprunté un violon et il s'est mis à en jouer. Nous découvrimes qu'il avait l'oreille parfaitement musicale et son professeur nous dit qu'il était doué. Je le lui ai redit avec fierté. Il m'a regardée en riant. "Je te l'ai dit: je m'en souviens. C'est tout. Quand je me souviens de quelque chose d'une vie passée, je peux le faire facilement. Pourquoi devrais-je perdre du temps à apprendre quelque chose de nouveau?" L'un des facteurs qui était continuellement présent dans la vie de Marcus était son sentiment que le temps était important et surtout qu'il n'avait pas besoin d'en perdre.
Alors que je pouvais penser à bien des raisons d'apprendre quelque chose de nouveau, je ne dis rien car sa logique semblait bonne pour lui. Un jour, il me joua même un air intitulé "Phoebe à la robe rouge". Son professeur me dit qu'il voulait absolument me jouer un air. J'étais ravie.
Ceci m'amène à expliquer pourquoi je m'appelle Phoebe Lauren. Lorsque Marcus était tout petit, il a commencé à m'appeler "Vee-Vee". Je lui disais que mon nom était "Maman" mais il ne m'a jamais appelée comme cela. Il appelait son père "Papa" et "Papa Dad", mais il ne m'a jamais appelée "Maman".
Un jour, alors qu'il devait avoir cinq ans, je lui ai demandé pourquoi il ne m'appelait pas "Maman". Il me dit simplement: "Je ne peux pas t'appeler "Maman". J'ai une vraie maman. Je ne veux pas lui faire de peine."
"Une VRAIE maman?" demandai-je.
"Ma vraie maman est chez moi. Alors je ne peux t'appeler aussi Maman!"
Je lui dis: "Comme tu es sot, je suis ta vraie maman." Et je lui ai fait un gros câlin.
Tout étonné, il m'a regardée et m'a dit: "J'ai une vraie maman. Tu ne peux pas la voir mais moi je peux. Elle est blonde avec de grands yeux bleus. Et puis elle est un peu grosse mais je l'aime."
Cela me surprit quelque peu car je suis tout le contraire et Marcus était également brun et mince avec les yeux marrons. Pendant toute sa vie, il n'a jamais voulu en démordre. Pour lui je m'appelais Vee-Vee et c'est ainsi qu'il m'a appelée jusqu'a ce qu'il eut huit ans. Et puis un jour, à une fête d'anniversaire, il aperçut la fille d'une de mes amies qui faisait de la balançoire faite d'un pneu sous un gros chêne centenaire. C'était une magnifique journée de printemps avec des fleurs sauvages partout, du soleil et des oiseaux qui. chantaient. Quelqu'un appela la petite fille: "Phoebe". C'est à ce moment-là que Marcus s'est "souvenu" de mon nom.
Il est venu me trouver alors que je parlais avec des amis et m'a dit: "Maintenant, je me souviens. Tu ne t'appelles pas Vee-Vee mais Phoebe. C'est ce que j'essayais de dire." Il était tout fier de s'être souvenu de mon nom.
Ce qui fut tout à fait surprenant c'est que tous mes amis furent aussi d'accord et, à partir de ce jour-la, j'ai eu un nouveau nom. Mon nom de naissance était Barbara, ce qui veut dire étrangère, et, de toute façon, je ne l’aimais pas beaucoup. Bien entendu, ma mère n'était pas très contente de ce nouveau nom mais tous les autres en furent enchantés, et tout spécialement Marcus.
Marcus m'a donné mon deuxième nom, Lauren, un jour que nous nous promenions dans les rues de Paris. Il voulait que je porte un nom français. Il vit un flacon de parfum Yves St Laurent et opta pour Laurent sans le "t" final. C'est ainsi que je suis devenue Phoebe Lauren. En grec, Phoebe veut dire lumière ou celle qui brille, et Lauren en hébreu signifie la même chose. N'est-ce pas la une coïncidence interessante?
…/…
Ma première expérience consciente avec les auras est assez unique et inoubliable. Jim était rentré de son travail. C'était un temps où il était promoteur et construisait des maisons pour les particuliers. Son travail était donc physiquement assez dur. C'était le type d'homme à toujours démarrer de nouvelles affaires, jamais satisfait de ce qu'il avait et voulant par-dessus tout être riche. Financièrement, nous étions sur des montagnes russes et notre mariage en souffrait. Il travaillait dur et aimait jouer le jeu a fond.
Quoi qu'il en soit, il rentra en nous disant bonsoir. Marcus était assis sur le canapé pres du gros poêle ventru bourré jusqu'à la gueule car on était en hiver. Il jeta un oeil à son père et dit: "Bon, eh bien je m'en vais. Je monte dans ma chambre!" Il rassembla toutes ses affaires scolaires et se hâta de monter. Cette attitude était totalement inhabituelle car, généralement, il était tout heureux de voir son père et l'attendait avec impatience lorsqu'ü rentrait plus tard que prévu.
Nous nous sommes regardés, Jim et moi, en haussant les épaules. Voilà que Marcus était un peu bizarre une fois de plus! Jim alla prendre une douche tandis que je montai voir ce qui se passait.
"Marcus, qu'est-ce qui ne va pas? Pourquoi es-tu parti si vite quand Papa est rentré?" J'étais perplexe.
"Phoebe, Papa a du rouge autour de lui. Il est en colère! Je ne veux pas être là quand il va éclater" m'expliqua-t-il.
"Qu'est-ce que tu veux dire par 'du rouge autour de lui,'?" "Autour de sa tête, c'est tout rouge. Tu ne vois pas?" "Non" répliquais-je. "Qu'est-ce que cela veut dire?"
"Cela veut dire que Papa est vraiment faché. Quand il y a cette couleur rouge, cela signifie la colère. Ne peux-tu pas voir la couleur autour de la tête des gens?" me demanda-t-il.
Je me rendis compte qu'il était surpris que les autres ne puissent pas voir ce qu'il voyait.
"Non, je ne vois rien. De toute façon, Papa est content et tout va bien. Aussi, descends pour le diner quand je t'appellerai." Je quittai sa chambre en espérant qu'il obéirait. Marcus était tres buté et parfois bien difficile.
Je finis de préparer le diner et les appelai tous les deux pour passer à table. Notre repas se déroulait tres agréablement lorsque, d'un seul coup, Jim se mit dans une grande colère dont je ne me rappelle plus la raison. Marcus me regarda d'un oeil qui semblait dire "je te l'avais bien dit" et il prit son assiette et monta diner dans sa chambre.
Lorsque Jim se fut calmé, il me demanda pourquoi Marcus m'avait regardée aussi bizarrement. Je lui relatai ce que Marcus m'avait dit sur les couleurs et sur le rouge qui est signe de colère. Jim s'en amusa et me dit qu'il avait lu quelque chose sur un type de photographie appelé la photographie Kirlian qui pouvait montrer les couleurs de l’aura de quelqu'un, c'est a dire les couleurs du champ énergétique qui existe autour de chacun de nous. Il avait vu une émission de télévision où l'on montrait des photos de l'énergie existant entre deux mains que l'on rapprochait. Une des particularités de Jim était qu'il savait beaucoup de choses sur la plupart des sujets, et cela m'a toujours étonnée tout au long de nos vingt années de mariage.
Le lendemain, Marcus me donna quelques précisions sur les auras: "II y a des couleurs autour des gens, particulièrement autour de leur tête. Elles peuvent être vives ou peu marquées. Quelquefois, je peux à peine les voir. Je croyais que tout le monde les voyait. Parfois ces couleurs sont magnifiques et l'on sait que la personne est gentille. De temps en temps, je vois quelqu'un qui a de vilaines couleurs sombres. Les personnes de ce type sont souvent très malheureuses et peuvent faire peur. Elles peuvent aussi être mauvaises. Si je vois du rouge, je sais que la personne est fachée et, si elle a le mauvais vert, je sais qu'elle est malade.
Chaque couleur signifïe quelque chose de différent pour moi. Tu devrais apprendre. Je peux t'aider, particulièrement si tu vas ètre avocate. Alors tu pourras savoir si quelqu'un dit la vérité ou non."
…/…
Un jour, je vis Marcus dehors dans le champ qui creusait des trous pour y planter des bâtons. Jim et moi le regardions opérer par la grande fenètre du salon. Nous nous demandions ce qu'il pouvait bien faire. Lorsqu'il rentra, il nous le dit.
"Je pose des pièges pour les petites bêtes. Je ne sais pas si je les ai bien faits."
"Qui t'a appris à faire des pièges?" demandai-je stupidement. Depuis le temps, j'aurais du connaître la réponse.
"Phoebe, je sais, c'est tout." Marcus nous expliqua qu'il se rappelait comment faire ces pièges depuis le temps où il avait été indien. Aussi sommes-nous sortis dans le champ pour prendre une leçon sur la capture des petits animaux. Cet incident en entraîna bien d'autres de nature similaire. Je dus simplement m'adapter au fait d'être la mère d'un petit indien.
Au cours de l'été de ses huit ans, nous avons décidé de nettoyer la forêt derriére la maison en enlevant toutes les branches mortes. Chaque jour, Marcus et moi coupions les branches mortes et nous les traînions jusqu'à une clairière un peu plus bas sur la colline. Cette phase du travail était tres facile car Marcus m'avait montré comment faire un "traineau" avec les plus grosses branches. Nous empilions sur le "traineau" toutes les branches de moindre importance et nous le tirions vers le bas de la pente. Il se souvenait toujours de moyens pour se simplifier la vie.
Cette aptitude à savoir et à se souvenir des choses ne cessait de se manifester. Un soir, Jim monta pour border Marcus dans son lit et vit qu'il avait beaucoup de jouets éparpillés par terre et sur son lit. Les jouets qui se trouvaient par terre ne présentaient rien de particulier mais Jim remarqua que ceux qui étaient sur le lit semblaient disposes avec soin, comme si quelqu'un d'autre les avait arrangés après s'être introduit dans la chambre.
Jim lui demanda ce qui s'était passé et il répondit: "J'ai fait des changements. Je pense simplement à mes jouets qui viennent des étagères sur mon lit et c'est ce qu'ils font. Ainsi n'ai-je pas à me lever pour aller les chercher."
.../...
Peu après que nous nous soyons installés dans la maison sur les collines, je fus réveillée une nuit par un bruit de livres qui tombaient par terre dans la chambre d'ami. Jim et moi dormions en bas sous cette chambre qui était vide et Marcus avait sa chambre en haut face à cette chambre d'ami.
Le lendemain matin, je demandai à Marcus s'il était allé jouer avec les livres dans cette chambre. Il m'assura qu'il n'y avait pas été et me demanda pourquoi je pensais le contraire. Je lui dis que j'avais entendu des livres tomber par terre.
Il rit et me dit: "Oh! cela doit être le monsieur qui y habite."
Lorsque je lui demandai de m'expliquer ce qu'il voulait dire, il me parla du "fantôme" qui habitait dans la chambre face à la sienne. Il me dit que cet homme était mort il y a bien longtemps mais qu'il aimait être dans la maison. Il ajouta que ce monsieur n'avait pas de mauvaises intentions, qu'il était simplement perturbé, bien que Marcus ait passé un accord avec lui. La nuit, cet homme devait rester dans sa propre chambre et ne pas en sortir quand la porte était fermée, même s'il pouvait très certainement passer à travers elle s'il le voulait. Marcus me dit que, de cette façon, il pouvait bien dormir la nuit et vivre en harmonie avec notre "invite".
Lorsque j'ai raconté cela à Jim, il a voulu faire une petite vérification. Les précédents propriétaires lui ont appris qu'il y avait eu une grange à l'endroit où se trouvait notre maison. Environ vingt-cinq ans avant notre arrivée, le propriétaire des lieux s'était pendu dans la grange qui avait été détruite peu après par sa familie. Quelques années plus tard notre maison avait été construite sur le même site. Il était donc évident que Marcus pouvait voir des fantômes et leur parier. Pourtant, il traitait cette homme et la situation comme si c'était quelque chose de tout à fait normal. Je dois dire que cette pièce est restée vide et que personne ne l'utilisait ni même y pénétrait, bien que ce fut une vaste pièce identique à la chambre de Marcus. Bien souvent Jim et moi nous suggérions mutuellement qu'elle constituerait un beau bureau ou un bel espace de travail. Cette pièce n'en resta pas moins une chambre pour les invites avec bien peu de vrais invites!
Quelques années plus tard, alors que le fantôme était plus ou moins devenu membre de la familie, des amis nous rendirent visite. Nous avions peu de visites car la maison était assez inaccessible. Elle se trouvait au bout d'un chemin de terre de près de deux kilomètres qui s'effondrait souvent pendant les pluies hivernales car il avait été tracé à flanc de colline.
Nous étions tous assis dans la salle de séjour lorsque Marcus se mit à leur parler du fantôme qui se trouvait dans la maison. J'aurais tendance à croire qu'il le fit pour impressionner leur fillette qui était sa "petite amie" à l'époque. Notre ami, qui était un homme de loi, dit qu'il était assez intrigué par ce qu'il disait mais qu'il ne croyait pas aux fantômes. Marcus sourit simplement en disant que même s'il n'y croyait pas, c'était la vérité.
C'est alors que tomba par terre un petit vitrail et son cadre de bois accrochés au mur par une chaînette derriére notre ami. La chaînette se brisa en plusieurs morceaux mais le vitrail, qui se trouvait dans la maison lorsque nous avions emménagé, demeura miraculeusement intact. Inutile de dire que notre ami reçut un choc et se sentit assez mal à l'aise. Et Marcus n'arrangea pas les choses lorsqu'il s'esclaffa: "Tu vois, je t'avais bien dit que nous avions un fantôme. Je te l'avais dit!"
Nos amis nous quittèrent assez précipitamment peu après. Jim et moi, nous étions relativement habitués à ce que des objets volent dans la maison ou se retrouvent à des endroits différents de ceux où nous les avions mis. Nous avions vu plus d'une fois des pots de fleurs voler ou des objets apparaître sous notre nez. Lorsque quelque chose manquait nous questionnions souvent Marcus. Nous étions généralement assez agréablement surpris de constater qu'il "savait" exactement où se trouvait l'objet en question. Nous avions appris à accepter énormément de choses.
Extrait de
L’enfant des étoiles
Phoebe Lauren
ISBN : 8493147702